lundi 22 février 2016

RDCongo : Quand l’impunité s’installe et révolte

Des échos en provenance de Boende, chef-lieu de la province de Tshuapa, dans l’ex-Equateur, indiquent que les meurtriers présumés du journaliste Soleil Balanga Eale de la radio Monkoto Soso Aleli tué le 15 avril 2015, se la coulent douce à Boende. Arrêtés en avril 2015 à Monkoto et transférés à Boende pour être jugés, M. Jean-Pierre Eoma Pendeli Domaro, Charles Tete Ndjeka, Eoma Pendeli Musa et Christophe Eoma respectivement infirmier superviseur de l’hôpital général de référence de Monkoto, ancien médecin de l’hôpital général de référence de Monkoto, fils de l’infirmier superviseur se promènent dans cette juridiction matin, midi et soir, comme si de rien n’était.
Ils croisent même les regards des membres de famille de la victime, on se croirait dans une jungle, où certains individus ont le droit de vie et de mort sur d’autres. Un des fils Balanga, larmes aux yeux, a aperçu au cours de ce mois de février, un des meurtriers dans un débit de boisson au centre de Boende accompagné d’un policier et de jeunes filles, jouissant de toute sa liberté. Un individu censé se retrouver entre les quatre murs de la prison, on ne sait comment il arrive à déjouer la vigilance des gardiens de la prison pour se retrouver un ou deux jours dehors pour regagner le lieu de détention le troisième jour.  Tout ceci se passe au vu et au su des autorités politico-administratives que judiciaires de cette nouvelle province issu du découpage.
Le cri de détresse lancé par l’’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, en direction des autorités judiciaires de la province de Tshuapa, et plus particulièrement celles de Boende à se prononcer sur l’assassinat de Soleil Balanga Eale, devrait interpeller les consciences.
Hélas ! La lutte contre l’impunité est loin d’être une réalité, elle est encore à l’étape d’un slogan creux. Même le Procureur de la République de Boende est au courant de cette situation, mais il reste lent à agir et suscite tant d’interrogations. Revient-il au mort de ressusciter pour venir combattre son bourreau impuni ? Ou les vivants devraient-ils recourir à la loi du talion dans une société régie par des règles qui sont foulées aux pieds par ceux qui sont censés les respecter ? L’impunité quand elle s’installe, elle devient révoltante. Mais l’indifférence des communs des mortels est encore plus révoltante que tout.


Le délai légal

Le délai légal souvent prôné par les magistrats est largement dépassé dans cette cause. Mais qu’attend donc le Tribunal de Grande Instance de Boende pour se prononcer et sanctionner les présumés assassins ? Plusieurs mois après avoir pris l’affaire en délibéré, même les bourreaux ont le sentiment qu’ils ont été purement et simplement acquittés.  Se désolidariser des malfrats, c’est aussi rendre le jugement. Qu’attendent les magistrats ? De potentiels clients ou justiciables qui doivent courir derrière eux pour la rédaction du jugement? Dans ce cas, la victime est dans l’au delà, entrain d’observer la justice humaine.  Je doute fort que les clients potentiels, et seul le règne de l’impunité va se perpétuer. Le sang de Soleil Balanga crie vengeance, Tribunal de Boende prononce-toi.

Cri de cœur de Joseph-Alain Kabongo

  

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